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Antoine Roch, de l’URPS Orthoptistes

Masque et lunettes ne font pas toujours bon ménage… rencontre avec Antoine Roch de l’URPS orthoptistes.

Un an après le début de l’épidémie : qu’est-ce que le Covid a changé à votre profession ?

Dans le cadre de notre exercice quotidien, il a fallu qu’on adapte nos consultations à toutes les recommandations gouvernementales. Achats de fournitures (masques, lingettes, désinfectants, etc.), réorganiser nos agendas pour espacer les rendez-vous, prévoir le temps de désinfection du matériel et de l’aération des salles de soins, éviter le brassage de patients dans les salles d’attente, condamner ou non l’accès aux sanitaires… C’est sur ces questions inédites que l’URPS a dû communiquer.

Ainsi, après le premier confinement, l’URPS orthoptistes a été un interlocuteur de choix avec l’ARS et les bénévoles, afin de proposer très rapidement une distribution de masques et de visières au niveau régional. Il a fallu organiser cette attribution mais aussi informer nos collègues sur ce qu’ils devaient mettre en place au sein de leur activité pour répondre au mieux à ces nouvelles mesures. Nous avons ainsi eu à gérer l’organisation des premiers moyens d’action à ce niveau-là.

Il faut savoir que l’URPS fait régulièrement le lien entre l’ARS et l’assurance maladie, et informe via les réseaux sociaux ou via un mail (adressé régulièrement à tous les professionnels listés par départements) toutes les informations utiles relatives notamment à la Covid. Par exemple, dernièrement, concernant les questions de vaccination.

Et le rapport aux patients s’est modifié ?

Dans notre pratique, être proche du patient est une quasi obligation. Comment peut-on imaginer renouveler des lunettes sans s’approcher du visage des patients ? C’est impossible. Pour la rééducation, c’est pareil… Il y a eu des expériences de télé-soin, mais cela reste anecdotique. Nous avons dû faire un gros travail d’information en amont avec les patients, et de surcroît avec les enfants : lavage des mains, port du masque, éviter de toucher à tout, aucun accompagnant excepté pour les mineurs, prévenir en cas de positivité ou cas contact avéré, privilégier les échanges par mail plutôt que par courrier… En général, tout le monde a été plutôt réceptif et compréhensif face à ces directives. Globalement, malgré les contraintes, le contact et la distance entre le praticien et le patient sont restés les mêmes.

Là où nous pouvons rencontrer quelques difficultés, c’est concernant le port des lunettes. Avec le masque de nombreux patients, adultes comme enfants, gênés par la buée sur les verres, enlèvent leur correction optique. Nous nous retrouvons donc avec une mauvaise observance des traitements notamment dans le cadre d’amblyopie (port d’un cache sur l’œil) ou de strabisme, où le port de la correction est primordial. Il est donc difficile pour nous d’avoir un réel recul sur les traitements.

C’est dans ce sens que l’URPS s’est interrogée sur les supports d’informations à diffuser pour appuyer le port des lunettes (mails ? affiches dans la salle d’attente ? campagne pluridisciplinaire ? courriers destinés aux enseignants ? courrier du médecin traitant?).

La profession d’orthoptiste dispose de protocoles de coopération orthoptiste/ophtalmologiste permettant des délégations de tâches ; ce qui nous a permis pendant le premier confinement de garder un lien avec les patients. En libéral, il y avait eu un gros arrêt des prises en charge. Mais les dernières avancées de notre nomenclature et l’existence de ces protocoles a permis de faire tenir la filière visuelle. D’où le rôle de l’URPS de communiquer sur ce qui est possible de faire.

Vous avez observé une baisse des venues des patients par peur d’être contaminés ?

Nous nous attendions à une baisse de fréquentation, mais non. Lors du premier confinement, nous avons pratiquement reçu une injonction de fermer nos cabinets. Or, des prises en charges devaient être maintenues comme notamment les contrôles d’amblyopie et autres. Après la crise, dû fait de l’allongement des délais de consultations ophtalmologiques, les orthoptistes libéraux ont répondu présents afin de réaliser certains renouvellements de lunettes. Mais aussi identifier et répondre aux situations d’urgence ou à risque. Certes, il y a eu des interrogations chez certains patients mais nous n’avons pas vu de gens refuser de se soigner par peur de la Covid. Preuve s’il en est de la préoccupation des patients d’Occitanie pour leur santé visuelle. Vous savez quand on voit double, flou, ou si on présente des céphalées ou vertiges intenses, et bien on se soigne !

Qu’est-ce que vous a permis votre organisation en URPS ? Et demain, comment l’améliorer ?

La force de l’URPS c’est de communiquer et de toucher un très grand nombre de professionnels de la région – et pas seulement libéraux. On tient à jour un annuaire, et on a un très bon référencement départemental et régional. Ce qu’a permis l’URPS ? C’est d’informer les professionnels et de donner aux orthoptistes à la fois des informations utiles sur la situation, mais aussi des conseils pragmatiques, des affiches, « des conduites à tenir » de manière à avoir une façon de faire harmonisée au niveau de la région et que chaque professionnel ne se sente pas perdu par rapport à la marche à suivre. A travers les réseaux sociaux, on essaie de répondre assez rapidement aux multiples interrogations et à informer : « l’ARS a dit que… » « vous aviez droit à telle et telle aide, vous aviez droit à tel et tel masque… » : ce genre de choses !

Effectivement au niveau URPS, et puisqu’on parle au guichet : les CPTS ne sont pas encore totalement constituées, les réseaux territoriaux ne sont pas tout à fait en marche, mais je dois dire qu’au niveau local, il y a eu sur WhatsApp ou autre, de nombreux groupes qui se sont constitués, au-delà même de l’URPS. On a pu constater que par territoires, il y avait une grosse dynamique entre professionnels. Pour organiser au mieux les réponses immédiates aux problématiques complexes du confinement d’une part, puis après pour gérer l’afflux de patients, et le fonctionnement des cabinets – et cela au delà des orthoptistes.

Qu’est-ce qu’on peut attendre de l’URPS demain ? On peut continuer à miser sur les outils de communication, et la question des CPTS, qui va être de mieux organiser par territoire cette communication et cette entraide entre praticiens et entre professions est quelque chose d’intéressant ! Ce qu’il faudrait améliorer ? Aujourd’hui, nous, l’URPS orthoptistes, sommes une petite URPS, et pour maintenir à flot des médias d’informations, c’est quand même assez difficile, on ne peut pas le faire tout seul. Si on veut réaliser des contenus plus interactifs et enrichis, c’est plus difficile. L’inter-URPS vient de signer le groupement d’employeurs qui peut proposer des outils aux petites URPS de manière à développer les outils de communication, pour peut-être mieux informer les professionnels et essayer d’être beaucoup plus réactif dans ce qu’on peut proposer. L’URPS doit poursuivre son travail de promotion du travail des orthoptistes libéraux et notamment de rééducation. Les compétences visuelles représentent une part immense dans le développement et les apprentissages de l’enfant. Nous appuyons donc les initiatives dans le dépistage précoce et l’amélioration du parcours de soin chez les plus jeunes. L’épidémie ne doit absolument pas ralentir nos travaux.

Avant la Covid, l’URPS organisait régulièrement des réunions en présentiel, d’information, de formation et d’échange entre orthoptistes libéraux ce qui n’est évidemment plus possible actuellement. Il existe une perte d’interaction et de lien entre acteurs que nous souhaitons corriger. Les orthoptistes font régulièrement preuves d’adaptation et d’ingéniosité dans leur pratique quotidienne, l’URPS va donc continuer à faire de même afin de dépasser les crises.